vendredi 7 octobre 2011

TGV ou transports des grands vertiges



Cet article est écrit par une simple citoyenne qui souffre. Elle n'a ni statistiques ni textes de loi pouvant 
appuyer ou donner plus de valeur à son expérience, juste un vécu quotidien. 

Chaque jour, je prends mon courage à deux mains et je cours après le bus. 4 fois par jour. Un marathon avec ou sans talons, au gré de l'humeur et du climat ( c'est les 4 saisons chaque jour, mais ceci est un autre sujet ).
Ratée du permis de conduire que je suis, je n'ai pas pris la peine de le refaire, donc je suis à la merci des grands Dieux des transports communs : les chauffeurs de bus.

Quand le bus arrive à l'arrêt vide, c'est l'Enfer : une horde se précipite vers la porte, d'autres étudiants plus
pressés se pendent aux fenêtres pour prendre les premier Places : ce sont ces places où tu n'es jamais exposé au soleil brûlant, où le vent ne vient pas te crisper le visage et où tu n'as pas le vertige parce que tu es assis à l'envers. Bref, LE privilège.

Si on a des amis des amis des amis qui peuvent nous assurer une place ( parce qu'ils en réservent 4 avec le
contenu de leur sac, cahiers et registres éparpillés ça et là), tu peux t’asseoir, sinon, bienvenue au plus beau
voyage de ta vie.

Le contrôleur ( nommé aussi la Bête )vient te forcer à t'engouffrer dans le coin le plus exigu du bus pour
boucher les trous, il vient aussi par la suite déchirer un petit bout de ton "ticket". Alors là ce ticket, c'est une
feuille plus mince qu'un cheveu et tellement lamentable et de mauvaise qualité que si tu la tiens plus de dix
minutes dans ta paume en fermant bien la main, elle disparaît. Là encore, ils ne se sont jamais foutus de faire
des cartes magnétiques comme ceux dans les usines où tu dois pointer, ou encore des tickets de bonne
qualité.

Après, quand le bus démarre, c'est le paradis des sensations fortes : si le bus est bondé, tu te retrouves collé
serré avec un homme qui vient de je ne sais quel patelin et qui a tellement travaillé dur que presque tous tes
sens perçoivent le résultat : l'odorat, le toucher et la vue. Je vous épargne les détails dignes d'un film d'horreur à la sauce kitsch car je risque de soulever des coeurs et de convertir les gens aux TOC de l'hygiène.

Encore, quand le chauffeur de bus ( qui dans mon cas, un bêlatre se prenant pour Michael Schumacher
conduisant une Hummer-limousine-Lamborghini-28 places ) essaye quelques acrobaties dans les virages de la contrée où je vis, c'est le top. Entre nausées, vertiges et le soin que tu prêtes à ne pas tomber sur quelqu'un ni que quelqu'un ne tombe sur toi, tu ne sais plus où donner la tête. Alors là les gens commencent à se la jouer capricieux : ouvre la fenêtre, je suis asphyxié, ferme la fenêtre, j'ai froid, s'il te plaît, viens ici car je ne sais pas où tenir, s'il te plaît, tu peux prendre mon sac, ah je suis désolée, je viens de t'écraser le pied, ALLÔÔÔ, HAMID ÇA VA HANI JAYYA WA TTA TSANNA AWILI 7AY ! HAHAHAHAHAHAHAHA HIHIHIHIHIH HOHOHOHO, tu sais quoi, Shakiro et Shakiri ne sont plus en couple, awiiiili ci pas vri ! 

Quand le bus t'éjecte dans ton arrêt, tu as l'impression de revenir de la brêche du temps où tu étais coincé.

Ceci n'est qu'un aperçu quotidien du calvaire dont je souffre et dont souffrent tous les citoyens marocains qui
prennent le bus : manque de bus qui par conséquence  causent 20 minutes de retard au cours/travail, l'obligation de se coller à la dernière place avant que le chauffeur ne ferme les portes battantes, les ivrognes/mendiants/fous qu'on fait monter dans le bus et qui ne manquent jamais de causer une scène, le harcèlement sexuel dans le coin le plus pourri et le plus mal choisi pour ces pratiques de pervers.

Alors me vient par la tête cette idée farfelue qu'a eu le Maroc de se permettre un TGV. Ok, je ne suis pas bien renseignée sur le sujet et je ne ferai pas la spécialiste mais sérieusement, comment peut-on penser à un moyen de transport aussi développé alors que nos villes manquent du basique ? N'est-ce pas peindre des plus belles couleurs la pomme pourrie de l'intérieur et prétendre qu'elle est belle ? N'est-ce pas appliquer le proverbe marocain : "آش خاصك أ العريان؟ خاتم أ مولاي" ?

Les sociétés dans les pays développées prennent des décisions et adoptent des situations conformes à leurs niveaux de vie et à leur niveau de civisme et de citoyenneté. Quel niveau de vie et quel niveau de civisme seraient-ils adaptés à un train grande vitesse ? N'est-ce pas manquer de respect aux pauvres et chanter la gloire des riches ?

Marie-Antoinette a vu les pauvres affamés et a prononcé cette phrase cynique " S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !" , le Maroc a vu les marocains manquer de transports communs convenables et a dit "S'ils n'ont pas de bus, qu'on leur donne un TGV ! "

mercredi 5 octobre 2011

Retour case départ.

Je fouillais dans mes bookmarks, quand j'ai retrouvé mon blog. Je l'ai abandonné depuis Juillet pour des raisons que j'estime totalement déraisonnables. Je vous explique chers lecteurs: à la base quand je blogue ce qui me tient à coeur, j'ai l'impression de gueuler et par suite je perds ma féminité ou mon côté "la demoiselle est gentille et douce". Maintenant, j'assume mon côté "grande gueule" et je n'oublie pas mon côté " ah là là la sentimentale" ( d'ailleurs pour découvrir mon autre facette, rendez vous ici )

D'autre part, je ne veux plus bloguer ou discuter les choses dans lesquelles je ne me sens pas à l'aise ou ceux que je ne maîtrise pas à fond  : la politique et l'actualité sont en vogue dans la blogosphère marocaine. Alors, quand je décide d'écrire sur la révolution ou une liste nationale de moins de 35 ans, généralement c'est un flop monumental. Eh bien, je viens de découvrir que... je ne suis pas obligée de faire ça !  Il y'a plein de sujets qui me tiennent à coeur, des sujets que j'aborderai avec vous tout au long de mon expérience bloguesque.
Ceci ne veut pas dire que je prends un autre virage : les articles que j'ai écrit font partie de mes sujets de prédilection : société, arts et encore de la société.

Encore, il est de notoriété que l'information est souvent confondue avec la connaissance. Les médias sociaux ont fait que l'on ingurgite le maximum d'infos pour presque les "dégueuler" en les retweetant ou en les partageant sur Facebook. Résultat : on se prend pour les maîtres de l'actualité et les as des débats enrichissants. Au fond, il y'a rien, on n'a fait que glaner des informations ça et là sur des sites de buzz pour booster nos discussions de tous les jours.
Décidément, si je ne me documente pas un peu plus sur un sujet lambda, je ne viendrai pas écrire ici, soyez avertis.

Finalement, YES, MADAME GRANDE GUEULE IS BACK \o/ 

vendredi 29 avril 2011

Don't cry for me Argana !

Un autre point noir dans le quotidien des marocains, un autre évènement qui nous donne le haut-au-coeur et nous met les larmes aux yeux
Le 28 avril 2011, au moins 15 personnes ont été tués à la suite d'un attentat sur la terrasse du café Argana à Marrakech, causant aussi une vingtaine de blessés.
Les faits sont là, choquants, blessants, meurtriers.Des âmes sont perdues, des personnes terrorisées dans tous les coins du Maroc, le cauchemar est de retour et la plaisanterie est d'un goût acerbe : celui de la mort.
Ces actes criminels ( et je salue celui qui sur Twitter a écrit qu'il fallait bannir le mot terrorisme et le remplacer par criminalité ) devront être condamnés, poursuivis jusqu'à ce que la vérité soit dévoilée, que ces mains criminelles soient coupées : femme, homme, musulman, chrétien, juif....Il n'y a pas que les familles des victimes qui ont le droit de savoir, tous les marocains en ont le droit, tout jeune, tout vieux, tout enfant a le droit de savoir qui seront ceux qui ont fait éclater en lambeaux des êtres humains venus pour se reposer, profiter d'une belle journée et siroter en toute tranquillité un café...
La mauvaise nouvelle d'hier m'a beaucoup attristé, ce crime contre l'humanité est un acte ignore et méprisable.  Ceci n'est pas ce dont on avait l'habitude de voir, notre Maroc n'est pas ce pays de crainte, de peur ou de terrorisme, notre Maroc n'a pas besoin de ces évènements douloureux, notre Maroc allait à pas sûrs vers la lumière, il respirait le printemps de sa jeunesse, se nourrissait des rêves de ses patriotes et voici qu'on est venu le souiller, le blesser et le faire pleurer.
J'ai encore envie de me promener dans Marrakech sans crainte aucune, j'ai encore envie de boire un verre de jus d'orange rafraîchissant à la place de Jamaa El Fna, j'ai encore envie de regarder avec plaisir ce brassage ethnique de personnes de toutes parts du monde, j'ai encore envie de vivre en liberté, j'ai encore une envie de vie.
Notre devoir est de panser cette plaie, nous tenir la main et revendiquer la justice, demander d'une seule voix et scander la fraternité, l'amour du pays , une voix colérique contre toute atteinte à notre quiétude et paix intérieure : Unis malgré tout.

samedi 23 avril 2011

Mawazine n'est pas le problème !


En lisant un article de Al-Massae sur une conférence de presse organisée par Awal du groupe Massae-Média entre les organisateurs du festival Mawazine et des membres du mouvement marocain "20 février", je n'ai pas pu voir vraiment ce qui cloche dans le sujet.
Un festival de notoriété nationale voit ses projets chaque fois dans des tentatives de sabotages par des 20févristes.
Leurs revendications ? que la culture soit démocratisée.

Sérieusement, on devrait arrêter de parler de la démocratisation de la culture vis-à-vis de Mawazine, si l'on veut démocratiser la culture, il faudrait apprendre à faire revivre notre culture à travers autre chose que les festivals, parce qu'il n'y a pas que la chanson : les musées, le théâtre, les salles de cinéma sont oubliées pour la plupart.C'est ça la démocratisation de la culture, et pas n'importe quelle culture.
Quand on voit l'argent dépensé pour aller voir les chikhates, les chanteurs/chanteuses raï auxlaquelles les jeunes pris dans des délires au Qarqoubi se taillent les veines ou encore les bandes d'ivrognes qui chantent à la gloire du mauvais vin rouge et la chair humaine, on pourrait avoir honte.Il faut améliorer la culture avant de s'en prendre à un festival qui promeut la vraie culture.

 Aussi, l'argent que dépense l'état sur ce festival est estimé à 6 millions de dirhams, selon Hicham Shbihi, et l'on pourrait facilement renoncer à cette somme au profit du reste qui provient de nombreuses sources financières : produits du festival ( les billets par exemple ), quelques entreprises et les stations de télévision et radio.Vous me direz que ce sont ces sources qui viennent pour exploiter le citoyen, il faudrait par contre démocratiser le travail et l'emploi au lieu de parler de musique, je vous dirai de revenir et revendiquer vos droits à l'Etat avant de vous en prendre aux entreprises privées.

Encore, cela change-t-il quoi à la condition du citoyen marocain si le festival est annulé ? On courra toujours après le bus qu'on ratera toujours, on sera toujours victimes du clientélisme et de la corruption, on aura toujours des déficiences dans nos réformes éducatives vaines et inutiles et on patientera toujours en tenant notre jambe coupée dans la main devant les hôpitaux.S'il y'a quelque chose qui va changer, c'est bien la sensation d'être dans un concert et de regarder les interprètes qu'on aime beaucoup se produire en live.

Enfin, personnellement, je préfère dépenser mon argent pour voir B.B.King, Yusuf Islam ou encore Hindi Zahra me chanter leurs merveilles, me bercer musicalement par leurs chansons et plutôt aller faire une révolution 20févriste contre nos chaînes nationales 2M et RTM qui ne font que produir un ramassis de conneries chaque jour, se moquant VRAIMENT du citoyen marocain ( voir le dernier rapport de la cour des comptes ) plus qu'est censé le faire le festival de Mawazine.

jeudi 21 avril 2011

Entre le Realisme et le Bar(ça)oque.


Hier, le classico espagnol qui réunissaient les deux équipes FCB et Real Madrid a fait fureur partout dans le monde et particulièrement au Maroc.
J'ai décidé comme à chaque fois, de mater le match, c'est devenu presque un rituel footballesque : on attendait avec impatience le jour du match, on se réunissait tous ( la moitié de ma classe la plupart du temps ) et on regardait le match en pronostiquant sans relâche sur le résultat.
Il faudrait que je sois honnête avec vous : je suis nulle en football, vraiment, je suis bleue.Je n'arrive pas à faire la différence entre un coup franc et un penalty ( d'ailleurs, j'ai jamais fait le rapprochement kofra-coup franc ) et quand mon amie qui adule le football s'emporte en disant que la défense est faible du côté madrilain ou que les passes sont quasi-inexistantes chez les barçaouis, je hoche la tête en guise d'approbation, réprimant un " mais de quoi tu parles, bourdayl ?"

Certainement, vous verrez qu'à chaque fois que la date du classico est annoncée, c'est comme une fête nationale ou un deuxième Eid El Fitr : tous les jeunes klaxonnent dans la rue, les uns exhibant fièrement des drapeaux realis et les autres portant des maillots barçaouis.Le monde est beau, c'est la fête, les gérants des cafés ont un sourire niais : normal, toutes les chaises sont prises, le coin est bondé, tous yeux rivés sur l'écran, la langue pendante, à l'affût d'un but.

Je ne rate pas l'occasion d'assister à ce spectacle masculin gorgé d'hormones où le féminin n'a plus de sens : si tu passes dix milles fois maquillée comme une poupée devant quelqu'un, la réaction sera absente.Ici, on cause foot, bébé.

C'est alors que le match commence, j'ai le coeur serré, l'estomac noué, ce mélange d'excitation, de peur, cette volonté de victoire.Mes potes se lancent dans des slogans marrants du genre : " Cha3b yourid Real Madrid" ( le peuple veut Real Madrid ) et je me retourne quelques fois pour voir les pèlerins du football se tordre dans l'angoisse de la perte et l'espoir de la victoire.
Pendant les dernières minutes, Cristiano Ronaldo marque, mettant le baume aux coeurs des madrilains, les rassurant que la Coupe du Roi est entre leurs mains.Soudain, un mendiant surgit de nulle part et nous crie : " eux torturent vos frères en les faisant travailler dans des champs de fraises, eux se moquent de vous et vous criez à leur gloire ? bande de traîtres, vous avez besoin d'une fessée ou quoi ? réveillez-vous, ils vous abrutissent avec leur football, et vous les encouragez comme des débiles, bande de soumis, réveillez-vous.Espagne dehors ! Espagne dehors !"

Bien sûr, ses paroles ont été un peu embarrassantes au début, mais en y repensant, j'ai vu un peu plus juste.
D'abord, le sport, le jeu n'a ni religion ni race ni politique.Si je vois les esquimaux jouer avec la même qualité de jeu, je serais toujours là à les applaudir avec les manchots.

Il ne s'agit pas d'un dévouement ni d'une soumission à un pays avec qui on a des différends politiques, il s'agit de deux équipes à fort potentiel sportif, il s'agit de la bonne adrénaline, il s'agit de stades tellement beaux et organisés qu'on les croirait dessinés au trait, il s'agit de spectateurs qui ne débordent pas des tribunes ou
portent plainte régulièrement pour avoir été physiquement ou sexuellement agressés, il s'agit tout simplement d'un jeu dans toute sa splendeur.

Alors je m'emporte s'ils s'emportent, je suis heureuse si ceux que je soutiens l'emportent, je suis déçue s'ils perdent, mais jamais je ne regrette d'avoir passé deux heures au café presque asphyxiée par l'odeur de la clope et assourdie par les acclamations des spectateurs.
Mais à chaque fois, je souhaite, même dans mes rêves les plus lointains, que mon équipe nationale réussisse à me tenir en haleine autant que le font ceux qui "font travailler mes frères dans des champs de fraises".

mardi 19 avril 2011

Ceci n'est pas un début.

L'inspiration poétique et les mots à l'eau de rose, je les laisse pour mon autre face.
Je suis consciente qu'à chaque fois que je mets un blog à vie, je le lâche au bout d'une semaine, découragée par le peu de mots que j'ai par rapport aux sujets qui me tiennent.

Mais dernièrement, j'ai eu la révélation qu'en attendant que les mot viennent, je serai condamnée à attendre, point.
C'est pour ça que j'ai décidé pour de bon de commencer à écrire, ne serait-ce que pour parler, me vider et gueuler un peu, pourquoi pas !

Je suis Madame Grande Gueule, pour les intimes ce sera Madame et puis c'est tout.Je vis dans un trou paumé qui connaît une progression à pas d'escargots.Je passe mes journées à danser la waka waka et à me triturer le bout des doigts en rêvant d'un monde meilleur.

Ce blog essaiera de rassembler tous les sujets qui me touchent personnellement dans ma vie quotidienne, tout ce qui me fait rire, me rend perplexe, me donne les rages du monde...Bref, tout ce qui est moi.

J'avoue que ce blog reflète une autre image de moi-même, ici je ne suis pas celle qui joue avec les mots et qui use et abuse des images et des métaphores pour donner à ses textes un semblant de beauté, ici ce sont les mots sous leur forme la plus simple et la plus réelle qui soit.

En somme, je dis à la blogoma : Mr7ba ! \o/